Carton jaune Fever Pitch de Nick Hornby


Match après match, saison après saison, le football rythme la vie de Nick depuis qu'à onze ans son père l'a emmené assister à sa première rencontre. Qu'il vente, qu'il pleuve, que son équipe gagne ou perde, il est toujours là, supporter inconditionnel dont l'obsession dévore peu à peu le reste de l'existence. Mais la passion n'empêche ni l'humour ni la lucidité, et le fan de foot se dévoile peu à peu, dressant en creux le portrait touchant d'un homme, d'une famille et d'une génération. À tous ceux - et toutes celles - qui ne comprennent pas que l'on puisse se passionner pour vingt-deux types en short courant après un ballon, Nick Hornby apporte la plus savoureuse des explications.

«Carton jaune est un modèle d'autobiographie doublé d'un livre fin et drôle. Que demander de plus ?»

Alexandre Fillon, Figaro Madame
Nick Hornby est né en Grande-Bretagne en 1957. Après des études à Cambridge, il devient professeur tout en travaillant comme journaliste pour The Literary Review, The Daily Telegraph et The Sunday Times. À la fin des années quatre-vingt, il renonce à l'enseignement pour se consacrer à l'écriture. Son premier roman, Carton jaune, rencontre immédiatement le succès. Devenu depuis un auteur culte outre-Manche, souvent adapté au cinéma, chacun de ses titres est un nouveau best-seller - Haute Fidélité, À propos d'un gamin, La bonté : mode d'emploi, 31 Songs, Vous descendez ? - encensé par le public et la critique.

Extrait du livre:
Mes parents s'étaient séparés en 1968. Mon père avait rencontré «quelqu'un d'autre» et avait déménagé, je vivais avec ma mère et ma soeur dans une petite maison à loyer modéré, situation qui n'avait rien d'exceptionnel (bien que je fusse, je crois, le seul élève de ma classe à avoir un de mes parents absent), mais la rupture nous avait blessés tous les quatre de diverses façons comme c'est le cas en général.

Ma vie de famille entra dans une nouvelle phase qui se heurta inévitablement à plusieurs problèmes, parmi lesquels un des plus cruciaux et sans doute des plus banals venait de l'inexorable droit de visite hebdomadaire du père, les «samedi-au-zoo». Souvent Papa n'avait de libre qu'un jour en milieu de semaine et personne ne désirait rester à la maison à regarder la télé, mais il n'y avait guère d'endroits où emmener des enfants de moins de douze ans. D'ordinaire, nous roulions tous les trois vers une ville voisine, nous arrêtions dans un des hôtels près d'un aéroport et nous installions dans un restaurant froid et désert où nous mangions, Gill et moi, un steak ou du poulet dans un silence presque complet (les enfants n'ont d'habitude guère le goût de la conversation et chez nous la télé marchait pendant les repas). Sans doute mon père cherchait-il désespérément d'autres divertissements à notre intention. Le pauvre, un lundi soir, dans une ville-dortoir, il n'avait guère le choix.

Cet été-là, il m'emmena passer une semaine dans un hôtel près d'Oxford. Nous nous pliâmes au régime steak ou poulet, au restaurant désert, au silence. Après le dîner nous regardions la télé avec les autres pensionnaires et Papa buvait un verre de trop. Heureusement, la situation ne tarderait pas à changer.